Atelier d’écriture novembre/ décembre 2020 : Les homéoptotes
Un homéoptote est une figure de style (très pratiquée par les surréalistes)
consistant à accumuler, dans une même « phrase » ou « séquence »,
des mots dont les finales sont semblables. Poèmes en prose ou en vers. Exercice ludique !
Adrien
Ma Belle
M’aime-t-elle ?
Cette jolie demoiselle
Pourrait-elle
Partir comme l’ hirondelle
Je reste sous sa tutelle
Pourvu que cette ritournelle
Ne parte pas à la poubelle !
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Au bord de ma piscine
Je fais la grise mine.
J’attends ma copine
Elle a la scarlatine
La coquine !
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Je n’écoute pas ces paroles vaines
Qui me font de la peine
Tous ces gens-là sont de la mauvaise graine !
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Sous ma housse
J’ai la frousse
A mes trousses
De la mousse
Et je tousse.
Dadou
Martine
Sort de l’usine
Et oublie les machines.
Elle lambine
La gamine
Fuit sa cuisine
Les tartines
Les langoustines.
Souvent badine
Parfois câline
Toujours mutine
Rejoint Justine
Sa grande copine.
Lui, belle carrure sur sa monture, sous son armure. Que d’envergure, que de droiture! !
Toi, pauvre miniature dans la froidure qui t’emmure, te courbature.
Au fond de toi cette brûlure qui te rassure
Cette flamme pure qui te torture
Mais oui il va t’aimer, sois sûre!
En balancelle
Elle était belle
La demoiselle
Encore pucelle
Sous son ombrelle
Déjà rebelle
La jeune oiselle.
Je rêve d’elle
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Elle arrive de sa cambrousse
Avec son sac et sa trousse
Avec sa jolie frimousse
Pas de crainte, pas de frousse.
Elle glousse, elle se trémousse
Et son jean elle retrousse.
Mais la ville est une brousse
Et personne à la rescousse.
Elle voulait juste une mousse.
Ce garçon elle le repousse
Et sa gifle l’éclabousse.
Et son chemin il rebrousse.
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Lointain africain
Un monde inhumain
Incertain
Et vain.
Il sème du grain
Pour avoir du pain
Ne plus avoir faim
Peut-être demain…..
Merveilleux copain
Un vrai bout-en-train
Tellement humain
Tendons lui la main.
Après ma réunion Tupperware
Je pare
mon rôti et prépare
un tartare.
J’en ai mare
De ce barbare
Qui m’accapare,
M’effare
Me désempare
Et fume son cigare.
Gare au curare! !
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Finie la galère! !
Je te quitte et suis fière
Dis à ces compères
Ton père, ta mère
Donc mon beau père, ma belle mère
Ton grand père, ta grand-mère
Ton frère donc mon beau frère
Toute cette famille qui me désespère
M’exaspère, provoque ma colère
Me tient prisonnière
Dis à ces compères
Que je me libère
Ne suis plus amère
Sans retour en arrière.
Et adieu Valère……
Isabelle J.
– Eh, quoi c’est elle ?
- C’est LA ruelle !
Elle est pas belle ?
– Par mes bretelles,
Allons en ribambelle
et sans dentelle
relever les poubelles !
Francine
Au bal musette
De la guinguette
Suzette
La blondinette
Mignonnette
Telle une marionnette
Pirouette
Tricote des gambettes
En écoutant jouer la trompette
Et la clarinette
La belle Gabrielle
avec son ombrelle, étincelle
sous la tonnelle. Mais la demoiselle est rebelle. Cette jouvencelle est cruelle avec la péronnelle Qu’elle interpelle, Cherchant querelle. Elle, L’ennemie mortelle, d’une telle donzelle
D Daubrosse
La frêle demoiselle au coin de la ruelle…
Qui est-elle ?
Rachel ou bien Adèle, Gisèle, Emmanuelle…
Qui est-elle ?
Une belle sans cervelle, une oiselle Machiavel…
Qui est-elle ?
La prunelle caramel, tourterelle cannelle…
Qui est-elle ?
Une agnelle ou du fiel, fidèle ou bien cruelle…
Qui est elle ?
Et dans son escarcelle, un missel, ou du miel…
Qui est-elle ?
Très intellectuelle, ou bien superficielle…
Qui est-elle ?
Le colonel s’emmêle
Dans ces querelles charnelles.
Il pense à ce shrapnel
Cadeau des Dardanelles.
Jamais pour lui la belle
Du coin de la ruelle.
Ce n’est qu’une femelle
Jézabel, péronnelle.
Il souffle la chandelle
Hèle la sentinelle
« Encore de l’hydromel,
On gèle ! »
Florence
A l’abri sous la tonnelle,
une ombre regarde la pluie qui ruisselle,
Derrière un rideau en dentelle
Le professeur joue du violoncelle,
Au loin, le bruit de crécelle
poussé par la grande grille de la ruelle
brise le silence de l’école maternelle,
Au restaurant de la venelle
Le serveur range la vaisselle,
Le cuisinier sort la poubelle.
Tout, ici, prend sa place habituelle
quand la nuit murmure sa ritournelle,
Que la ville est belle
Quand elle jette ses dernières étincelles.
Francine
A la cantine
La coquine
Et câline
Amandne
Taquine
Baratine
et bassine
Sa voisine
Aline
En mangeant sa tartine
Très fine
De galantine
De lapine
Aux sardines
Pour ne pas déplaire
A son propriétaire
Claire
La secrétaire
Originaire
Du Caire
Fait des heures supplémentaires
Sans augmentation de salaire.
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Claire
La libraire
Invita Clotaire
Le commissaire
Et Jean le notaire
A l’exposition temporaire
Consacrée aux prix littéraires
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A Cancale
Dans la colossale
Et glaciale
Cathédrale
La générale
Assiste à la messe dominicale
Célébrée par un cannibale
Hydrocéphale
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Pour ses propos délétères
Grand-mère
Très en colère
Vitupère
Contre sa boulangère
Langue de vipère
Elle a des idées meurtrières
Envers cette commère
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Pris de boisson
Le maçon
En caleçon
Gai comme un pinson
Ecoute des chansons
En construisant une maison
Pleine de malfaçons
Pour un franc-maçon
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La pieuse
Et silencieuse
Religieuse
A tué Victoire sa véreuse,
Pernicieuse,
Belliqueuse,
Calomnieuse
Logeuse
Comment cette bienheureuse
Nonne est-elle devenue une tueuse ?
Géraldine Du levant au couchant
Matin naissant sous un ciel menaçant, nuage fuyant par un vent saisissant, souffle puissant en tourbillon dansant, tintement vibrant et ressac odorant, brouillard languissant ou mystère oppressant, horizon inquiétant et pourtant captivant. Embrun dispersant l’écume sur le brisant, la nuée inondant d’un crachin glissant sur le sable mouvant et les herbes ondulant, la brise caressant le rivage rassurant. Mais le temps est changeant, va et vient incessant, soupir frémissant dans un murmure lancinant, le calme revenant au silence surprenant, la brume se dissipant et le voile s’estompant, reste un halo filtrant, un instant envoûtant, au charme attrayant, l’équilibre apaisant, le soleil se levant, inondant, écrasant, ses rayons luisant en reflet miroitant, l’éclat scintillant d’un paysage éblouissant, coloris étincelant et joyau chatoyant. Puis le jour déclinant, sentiment languissant, lumière glissant vers le crépuscule assombrissant, une dernière clarté s’infiltrant, place à la lune s’élevant. Du clair-obscur rayonnant au camaïeu rougeoyant, le secret flamboyant du soleil couchant, trésor resplendissant dans un écrin charmant. Soir tombant en souvenir enveloppant le ressenti rythmant de ce jour ambiant, l’obscurité gagnant dans la nuit s’imposant, prélude reposant au rêve insouciant. Du levant au couchant, saluer le jour, accueillir la nuit… fascinant recommencement !
Pêle-mêle
Elle m’interpelle cette ritournelle en « elle », kyrielle de mots en ribambelle ! A mon échelle personnelle, j’appelle l’étincelle directionnelle pour cette démarche intentionnelle, occasionnelle, exceptionnelle, voire intellectuelle ou conceptuelle, mais non superficielle ni même existentielle ! Sensationnelle ? J’épelle et j’amoncelle, je libelle ces mots qui tirent les ficelles d’une éventuelle ou accidentelle compilation structurelle… Action mémorielle ou recherche partielle. Dans ma vie habituelle souvent manuelle, je m’attelle et j’excelle à l’aquarelle (nuance graduelle et perceptuelle… mais professionnelle), assez traditionnelle, avec une réelle inspiration émotionnelle et essentielle sur la lumière naturelle, ambiance perpétuelle qui sans cesse se renouvelle. Cette nouvelle parcelle d’écriture, actuelle et individuelle, occupationnelle et séquentielle, restera-t-elle confidentielle ? ou bien sera-t-elle passerelle vers une participation virtuelle, ponctuelle ? Belle attente culturelle, attention mutuelle et fraternelle… textuelle.
Gérard
Quand sur l’aire
De fin calcaire,
On entend braire
Le dromadaire ;
Alors vient l’horaire
Où le notaire,
Usuraire,
Doit au vicaire
(larvaire)
Régler son salaire.
» Ah,cher partenaire
Eclaire
Mes humbles sanitaires
Et retire ton scapulaire.
*********************
Tu me tournes la boule
Toi maboule
Pourquoi as-tu cassé le moule
Où cuisaient les moules ,
Et du dimanche la poule ?
Et je sais que par les traboules
De Toul
Tu déboules
En route vers le Frioul
Et tu roules ,
Roules,roules;
Loin de la foule
vers la verte houle .
Sur le mail,
Avec des tenailles
Joue la marmaille .
Aie !
Et derrière le portail
Muse le bétail .
Le long des rails
Voltige la caille.
Et ça fait un bail
Que vaille
Que vaille
Dans le jardin pousse l’ail .
Moi le Barbare
Moi le Tartare
Au son de ma cithare
Dans la steppe je m’égare,
Hilare .
Mon cheval batard
Sa course démarre
Vers le blanc salar.
Alors j’enflamme mon cigare
Rare .
******************
Ah Messire,
Je vous entends médire
Et avec satire
De ce grand Empire .
Et avec profonde ire
Amener le peuple au pire,
Et à élire
En profond délire
L’homme qui se retire.
*****************
En la blonde Florence
De Roméo l’absence,
De Juliette l’inconscience ,
Du drame la présence,
Font de raison démence .
Et le Duc à la potence
Conduire , avec réticence
Ceux dont la licence
Ont troublé son silence .
Jean Pierre : La Tarentelle
Sur le Pont de Grenelle
Je me poste en sentinelle
Dans ma tête une ritournelle
Chavire ma cervelle.
Je guette la demoiselle
Ce soir viendra-t-elle
Courant telle une gazelle
Fuyante et rebelle ?
Soudain comme une étincelle
Elle jaillit, sublimement belle
Un éclair dans sa prunelle
Me brûle et m’ensorcelle.
Sur notre ritournelle
Danse ta tarentelle
Folle, ma belle pucelle !
Notre amour est éternel.
*************************
Derrière une motte
au fond de sa grotte
blottie comme une pelote
la petite Charlotte
tend sa menotte
elle a faim la petiote
sa mère, la bigote
la traitant de sotte
l’a privée de compote
parce que ses bottes
étaient pleines de crottes
La petiote
Toute pâlotte
attrape une biscotte
et la grignote
à belles quenottes.
Un crocodile
immobile
dans le fleuve hostile
rêvait de volatiles
un anglophile
débile
et fébrile
voulait la peau du reptile
L’animal gracile
mais habile
et agile
croqua l’imbécile
mercantile
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C’était une entreprise bancaire
Extrèmement déficitaire
Son Président octogénaire
Multi-milliardaire
Faisait de louches affaires
Dans les milieux portuaires
Un jour sa secrétaire
Lasse d’un bas salaire
Dénonça le mandataire
Qui servait d’intermédiaire
Un incorruptible commissaire
Mit tout au clair.
Une épopée judiciaire
Condamna le milliardaire
Etant poitrinaire
Il manqua d’air
Et eut une fin pulmonaire
Sur son monument funéraire
On grava cette formule lapidaire :
« Il pratiquait des taux usuraires »